Jean-Yves, je l’ai bien connu au sein de notre belle entreprise Aéroports de Paris en tant que collègue, comme élève et enfin comme ami, depuis sa retraite on communiquait souvent par téléphone, notre éloignement ne nous permettait plus de nous voir comme nous l’aurions souhaité. Homme discret, il n’était jamais en recherche de publicité ou d’intérêt personnel, il se battait et s’engageait uniquement pour le bien commun et sa présence était recherchée, pas toujours compris ni reconnu, je peux vous dire que Jean-Yves était une personne extrêmement attachante. Sa fin de carrière n’a pas été facile et lors de son départ en retraite il avait une certaine amertume mais il l’évoquait rarement. Pour tous ceux qui l’ont bien connu, ses qualités étaient la discrétion et la bonne humeur permanente, il disait souvent devant une situation difficile « il y a bien pire ».
Puis cette terrible nouvelle suite à un premier coup de fil de Sylvie : on a retrouvé Jean-Yves au sol au domicile, une chute, un rebord de cheminée et le coma. Puis ce second coup de fil pour nous apprendre qu’il venait de partir.
Jean-Yves était rêveur et voyageur, à sa manière il s’était fait son propre monde.
Mais cet accident l’a empêché de poursuivre ses projets, et l’a entrainé vers des eaux profondes. Très souvent on l’a aidé à se rappeler à la réalité. On voulait l’aider à s’envoler afin de l’accompagner dans sa souffrance. Une retraite écourtée et un point de suspension… Voilà une nouvelle tristesse, au fil du temps notre cartable s’allège, difficile de perdre un pote.
Il avait encore probablement beaucoup de choses à partager, Le temps lui a manqué, il y croyait encore, mais l’accident s’est présenté à lui sans y avoir été invité. Puis les vagues se sont montrées de plus en plus fortes. A ce moment ses proches ont vu son regard intense. Puis sa main s’est progressivement échappée c’était son signe d’au revoir. Son entourage a fait tout ce qui était en son pouvoir, et l’a accompagné le mieux possible.
Et c’est à cet instant que l’on saisit pleinement le sens du mot « accompagner ».
Accompagner ne signifie pas prendre la place de quelqu’un d’autre.
Mais c’est marcher à ses côtés en le laissant libre de choisir son propre chemin.
Le dernier chemin vous l’avez fait ensemble.
Les derniers moments vous ont probablement permis d’aller plus loin encore.
Vous tous qui restez, vous conservez un précieux savoir :
Celui que l’on ramène d’un voyage
Il est parti droit et entier.
Vous avez, nous avions, encore beaucoup de choses à apprendre de lui.
Toutes nos pensées vont à son épouse Sylvie et à toute sa famille qui l’ont assisté durant ses derniers jours, à sa famille et à ses proches, je vous présente mes très sincères condoléances dans cette épreuve difficile
Lors de nos derniers entretiens avec Jean-Yves j’avais évoqué avec lui « Le Pretit Prince d’Antoine de saint Exupéry, alors je t’adresse cet extrait, je t’embrasse
– Ce qui est important, ça ne se voit pas… – Bien sûr… C’est comme pour la fleur. Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries. – Bien sûr… – Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies. Et puis je vais te faire un cadeau… Il rit encore. Ah ! Petit bonhomme, petit bonhomme j’aime entendre ce rire ! – Justement ce sera mon cadeau… ce sera comme pour l’eau… – Que veux-tu dire ? – Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d’autres qui sont savants elles sont des problèmes. Pour mon businessman elles étaient de l’or. Mais toutes ces étoiles-là elles se taisent. Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a… – Que veux-tu dire ? – Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! Et il rit encore. Et quand tu seras consolé (on se console toujours) tu seras content de m’avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir… Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel. Alors tu leur diras : “Oui, les étoiles, ça me fait toujours rire !” Et ils te croiront fou. Je t’aurai joué un bien vilain tour…
Et il rit encore. “Ce sera comme si je t’avais donné au lieu d’étoiles, des tas de petits grelots qui savent rire…“ Et il rit encore. Puis, il redevint sérieux : “Cette nuit…tu sais…ne viens pas. Je ne te quitterai pas. J’aurai l’air d’avoir mal… J’aurai un peu l’air de mourir. C’est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n’est pas la peine. – Je ne te quitterai pas. “